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vendredi 3 mai 2013

Journée mondiale de la liberté de la presse : JED appelle les médias Congolais à briser les chaînes de la censure et de l’autocensure


L’humanité toute entière commémore le 3 mai de chaque année, la journée mondiale de la liberté de la presse, une occasion de faire un état des lieux non complaisant de la situation réelle qui prévaut dans le secteur des médias à travers le monde, au delà des chiffres et des statistiques sur des atteintes au droit d’informer et d’être informé
« Parler sans crainte : Assurer la liberté de la presse dans tous les médias », tel est le thème central de la journée mondiale de la liberté de presse pour cette année 2013.
La RDC, pays classé 142 è  sur 179 pays, au palmarès mondial de la liberté de presse et d’expression, peut paraître téméraire et risqué à plus d’un titre. C’est pourtant autour de ce thème en forme de défi que les Nations Unies, au travers de l’Unesco, ont choisi de célébrer  cette 20è journée mondiale dédiée à la presse, et autour duquel également Journaliste en Danger (JED)  souhaite attirer l’attention des médias et des journalistes congolais sur le sens du combat qu’ils sont appelés à mener pour  défendre la liberté de la presse.
L’occasion faisant le larron, JED a tracé un tableau sombre sur la situation de la liberté de presse en RDC. Cette situation caractérisée par l’emprisonnement, menaces, intimidations et harcèlement des professionnels des médias.
Les relevés de monitoring de JED, indiquent sans surprise, la dégradation constante du climat de travail des journalistes, et la mise sous coupe réglée de la presse et des médias congolais par des pouvoirs politiques et d’argent.

St/La politique du bâton à la carotte
La célébration de la journée mondiale de la presse donne également l’occasion de  saluer le courage et  la mémoire de ceux qui risquent chaque jour leur vie pour servir la cause de l’information.
Au cours de ces dix dernières années, près d’une dizaine de professionnels des médias congolais ont été tués dans des conditions qui n’ont jamais été clairement élucidées .Il s’agit entre autres de , Franck NGYKE KANGUNDU, Journaliste chef de la rubrique politique au journal La Référence Plusparaissant à Kinshasa, a été assassiné dans la nuit du 3 novembre 2005 à son domicile de Kinshasa, en compagnie de son épouse Hélène Mpaka par des hommes en armes qui guettaient leur retour chez eux, Louis MWAMBA BAPUWA, journaliste Freelance, rédacteur de plusieurs articles politiques dans les journaux de Kinshasa, a été tué à son domicile de Kinshasa/Matete dans la nuit du 8 juillet 2006 par trois hommes armés qui avaient tiré sur lui à bout portant.
Alors que la communauté internationale commémore cette journée spéciale dédiée à la liberté de la presse, la Rdc affiche un tableau sombre avec quatre journalistes derrière les barreaux ; deux principales chaînes de télévision fermées, un journal suspendu, et deux film-documentaires tournés par des journalistes censurés et interdits de diffusion. Le tout en toute illégalité et impunité.
Journalistes emprisonnés
Dans cette catégorie, JED signale le cas de Patrick Palata, directeur de Canal Congo Télévision (CCTV), une chaîne privée émettant à Matadi, chef-lieu de la province du Bas-Congo, arrêté le 6 janvier 2011, puis condamné à 20 ans de prison, le 8 avril 2012, par le Tribunal militaire de garnison de Matadi. Poursuivi pour « participation à un mouvement insurrectionnel », pour des contacts présumés avec le général Faustin Munene exilé au Congo Brazzaville depuis janvier 2011. Ce que le journaliste et ses avocats ont toujours nié. Malgré la détérioration de son état de santé, le journaliste reste détenu à la prison militaire de Ndolo en dépit des plusieurs demandes de grâce présidentielle introduites en sa faveur par des organisations de défense des journalistes.
Il a épinglé également le cas de John Mpoyi, directeur technique de la Radio Lisanga Télévision (RLTV), une chaîne privée appartenant à M. Roger Lumbala, opposant au régime du président Joseph Kabila et passé dans la rébellion aux côtés de M23, et émettant à Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï Oriental, totalise 7 mois de détention à l’ANR/ Kinshasa, sans jugement
Fortunat Kasongo, journaliste à la Radio Télévision Autonome du Sud Kasaï (RTAS), une station communautaire émettant à Miabi, un territoire situé à 30 kms de Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï Oriental, est détenu depuis 7 mois, sans jugement et sans aucune visite de ses proches ou avocats, dans le cachot de l’ANR/ Kinshasa.   Kasongo a été arrêté, mardi 14 août 2012 dans le territoire de Miabi, par un groupe d’éléments des Forces Armées de la RDC et de la Police, et transféré, une semaine plus tard, à l’ANR/ Kinshasa.
Des médias fermés
Canal Futur Télévision, une chaîne privée proche de l’opposition émettant à Kinshasa, capitale de la RDC, a été interdite d’émission, le 28 novembre 2011 à ce jour, par M. Lambert Mende, ministre des Médias, initialement, « pour des raisons administratives », et ensuite au motif que « l’un de
principaux partenaires de cette chaîne serait impliqué dans une entreprise de déstabilisation de la République Démocratique du Congo… ».  Mais  jusqu’à présent, le Ministre  n’a jamais signifié à cette chaîne le nom de ce responsable  incriminé. La coupure du signal était intervenue pendant que CF TV diffusait une émission intitulée « Spéciale soirée électorale » dénonçant les irrégularités constatées dans les différents bureaux de vote lors du double scrutin, présidentiel et législatif, et donnant les résultats de voteaffichés dans un bureau de vote de Kinshasa.  
Radio Lisanga Télévision (RLTV), la plus grande chaîne de télévision proche de l’opposition appartenant à M. Roger Lumbala, député de l’opposition et aujourd’hui dans la délégation des rebelles du M23 qui négocient avec le gouvernement de la RDC à Kampala, capitale de l’Ouganda, a vu son signal d’émission couper brusquement, jeudi 6 septembre 2012 jusqu’à ce jour.  Cette coupure n’a été revendiquée ni par le ministre des Médias, ni par le CSAC. Il a fallu attendre dix jours pour voir le ministre des Médias signer un arrêté ministériel qui avait tout l’air d’avoir été antidaté accusant la RLTV de diffuser des émissions de «nature à démoraliser l’armée et la population ».
St/Diktat de Mende       
« Sankuru : enfer ou paradis oublié ? », film-documentaire réalisé par Jean-Paul Kayembe, journaliste reporter indépendant congolais a été interdit de projection, mardi 9 avril 2013, par M. Lambert Mende, Ministre des Médias. Il a été reproché à ce film documentaire d’attiser la haine tribale dans le chef de la population de Sankuru. La projection de ce film documentaire prévue pour le 20 avril 2013 dans un hôtel de la capitale n’avait pas eu lieu. Dans une correspondance adressée au gérant de l’hôtel Sultani à Kinshasa, le ministre lui a signifié l’interdiction de la projection de ce film évoquant «  des conséquences néfastes liées à l’exacerbation des tensions ethniques surannées et déstabilisatrices ». Dans une lettre adressée au ministre, et après avoir visionné ce film, JED a dénoncé l’abus du pouvoir du Ministre Mende, en le mettant au défi de démontrer le moindre extrait de ce film qui inciterait à la haine.
Pour JED, le problème de la liberté de la presse en RDC n’est pas seulement dans le nombre des attaques contre les médias ou les violences diverses au travail des journalistes, mais il est désormais aussi dans le contenu des médias,  et les informations qui sont diffusées par une presse souvent partisane et de connivence, qui occulte sciemment les vrais sujet brulants qui intéressent le public pour se focaliser sur des informations alimentaires. L’argent gouvernant tout : les lignes éditoriales et les comportements.
A la censure qui est imposée par un pouvoir fondamentalement hostile à la liberté de presse et d’expression, et l’autocensure due à la corruption et au clientélisme, vient s’ajouter un manque criant de professionnalisme, signale l’Ong.

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