Human Rights Watch est profondément endeuillée par la disparition de
Jean-Baptiste Bengehya Mwezi, son directeur administratif à Goma, dans l'Est de
la République démocratique du Congo, décédé subitement à l’issue d’une
maladie le 6 mai 2014.
Jean-Baptiste a été le pilier du bureau de HRW à Goma depuis que Human Rights Watch
s'y est installée pour la première fois en 2003.
Non seulement il assurait l'administration du bureau, mais c'était aussi
un assistant de recherche de talent et un interprète qui parlait six langues.
Quand il agissait comme interprète auprès de victimes et de témoins de
massacres, de viols, d'actes de torture ou d'autres exactions, il ne se
contentait pas de traduire leurs paroles et leurs émotions, mais faisait preuve
de compassion et de sympathie, les mettait à l'aise et leur redonnait courage.
Il travaillait sans relâche pour s'assurer que notre bureau de Goma
opère en conformité avec toutes les procédures administratives en vigueur, que
les visiteurs soient bien accueillis et que le bureau fonctionne sans accrocs,
malgré un contexte tumultueux sur les plans politique et sécuritaire.
Il était toujours de bonne humeur et calme, mais persévérant.
Il était pleinement conscient de la situation délicate et souvent
dangereuse en matière de sécurité dans l'Est de la RD Congo, où les chercheuses
et chercheurs de Human Rights Watch se déplaçaient pour effectuer des missions
de recherche, mais il ne laissait jamais personne, ni lui-même ni ceux qui
l'accompagnaient, se décourager devant les horreurs des guerres terribles qui
ravageaient la RD Congo.
La sécurité de tout le personnel de Human Rights Watch, de nos familles,
de nos visiteurs et des personnes avec qui l'organisation travaillait était sa
première priorité.
Jean-Baptiste était le « papa » de l'équipe de Human Rights Watch en RD
Congo, toujours sur le qui-vive et prêt
pour travailler, avec patience et compréhension.
Il était profondément attaché à la cause des droits humains, à sa propre
famille et aux innombrables personnes qui le considéraient comme un conseiller
et un professeur.
Avant de rejoindre Human Rights Watch, il avait travaillé pour plusieurs
organisations internationales dans des domaines comme la réintégration de
communautés, notamment des réfugiés après le génocide au Rwanda, la
réconciliation des familles et la formation des futurs conseillers des victimes
de violence sexuelle.
Durant les années 1980 et le début des années 1990, il a enseigné le
français, la linguistique et d'autres matières dans des écoles primaires et
secondaires et dans des universités au Burundi, au Rwanda et en RD Congo.
Il était le fondateur et l'ancien directeur de deux écoles secondaires
dans les villages de Kitembo et Sake, dans l'Est de la RD Congo.
Enseignant jusqu'au bout, il ne manquait jamais une occasion de
prononcer un discours de nature inspirante lors des réunions organisées par
Human Rights Watch avec son personnel et leurs familles.
« Nous avons rarement effectué de missions de recherche sans
rencontrer un de ses anciens élèves dans des villages reculés et des paroisses
catholiques à travers l'est de la RD Congo. Ils exprimaient tous une admiration
et d'un respect profonds pour Jean-Baptiste et il apparaissait clairement qu'il
avait eu un important impact sur leurs vies », renseigne un communiqué de
HRW.
Jean-Baptiste était né le 11 novembre 1955 dans le village de Kitembo,
près de la cité de Minova, à environ 50 kilomètres à l'ouest de Goma. Il était
dévoué à sa femme, Georgette, à ses huit enfants âgés de 7 à 26 ans – Hortense,
Sylvie, Fidélie, Afia, Priscille, David, Hervé et Georges – et à sa famille au
sens large. Il était très fier d'eux et chérissait chaque membre de sa famille.
Sa mort subite est un choc pour nous tous à Human Rights Watch. Nous
exprimons nos condoléances les plus sincères à sa famille et à tous ceux qui
étaient proches de lui. L'est de la RD Congo a perdu un défenseur, un
éducateur, un père, un ami – et une personnalité attachante et généreuse. Il va
nous manquer cruellement et nous ne l'oublierons jamais. Par
Godé Kalonji Mukendi
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